Sous son manteau de neige, Mina semblait si frêle
Perdue dans la vallée épousant sa blancheur.
Dans cette immensité nacrée comme une perle,
Le silence s’étendait plus sourd que la torpeur.

Personne n’avait compris cette enfant trop sauvage,
S’élançant dans le vent pour saisir un nuage
Tissé dans un doux voile moelleux comme un duvet,
Semblable à un écrin aux biens subtils secrets.

Lors d’une nuit opaque elle s’était échappée
Pour s’enfuir au plus loin de cette ferme natale,
Suffocant des brimades érigées en cabale
D’une naissance muette faisant d’elle un pêché.

Mais ses douze ans fragiles n’avaient pas supporté
Cette course de l’oubli vers l’inconnu sans toit,
La rendant prisonnière de l’implacable froid,
Dont l’arrogance trop rude l’avait fait chanceler.

« Le Loup », dont tous les sens étaient mis à l’affût
Par la faim en tenaille d’une pitance fugace
Reflétant le tribut de cet hiver coriace,
S’était aventuré hors des boisés touffus.

De son regard perçant le brouillard matinal,
Il avait décelé le corps de la fillette
Par un instinct voué à en faire son régal,
Mais une odeur connue l’avait arrêté net.

Il connaissait Mina, c’était une évidence :
Elle avait, une nuit, été sa providence,
Lorsque s’aventurant trop près de la barrière,
Sa patte s’était bloquée dans des mâchoires de fer.

Il avait entendu l’homme rire comme un dément,
Et le bruit d’un fusil que l’on arme en claquant,
Mais une ombre fugitive avait rampé vers lui,
Le délivrant des serres aux mors vite éconduits.

« C’est une âme pour une âme que je te dois, Mina,
Tu as sauvé la mienne du gouffre de l'au-delà ,
Dont je suis rescapé grâce à ta main d’enfant
Qui contient la valeur d’un cœur bien innocent. »

Avec la même force que celle de sa pensée,
« Le Loup » avait traîné le petit être transi
Durant de longues heures sans jamais abdiquer
Afin de lui offrir la tiédeur de son lit.

Personne dans le village n’avait cherché Mina,
Car sa disparition se fit sans grand remous,
Mais dans la profondeur si vaste de la toundra
Une bien belle jeune fille vivait avec des loups.





J’ai voulu associer ce poème, qui a lentement mûri, avec une toile qui m’a fascinée dès que je l’ai découverte.
Son auteur ? Sourire…

C’est bien sûr ma sœur lionne, dont le talent me ravit depuis que je la connais, et plus je la connais, plus elle me ravit dans cet espace qui s’éloigne de plus en plus du virtuel.
Je souhaite, en toute amitié et de tout cœur que ces rimes plairont à cette belle artiste peintre qu’est Ktizeb.( bisous à toi)

Ktizeb : http://ktizeb.centerblog.net